Factuel est allé à la rencontre d’Olivier Lottin, nouveau directeur du LEMTA depuis le 1er janvier 2023.
Quel est votre parcours ?
Après un doctorat en mécanique et énergétique à l’Université Henri Poincaré et au LEMTA obtenu en 1996, j’ai été nommé en 1998 maître de conférences à Polytech Nantes. J’effectuais mes recherches au Laboratoire de Thermique et Énergie de Nantes (LTEN). Dans la continuité de ma thèse, j’y ai développé des travaux sur les transferts diphasiques et les machines frigorifiques, tout en prenant en charge l’option Froid-Climatisation de Polytech Nantes. À partir de 2002, je suis revenu au LEMTA en profitant d’un détachement sur un poste de Chargé de Recherche CNRS. J’y ai opéré un changement thématique complet en débutant des travaux sur les piles à combustible et l’hydrogène. J’ai ensuite été nommé maître de conférences à la Faculté des Sciences et Technologies en 2003, puis professeur à Polytech Nancy en 2008. J’ai pris la responsabilité de l’équipe Hydrogène et Systèmes Électrochimiques du LEMTA depuis sa création en 2006 jusqu’en 2018, puis du groupe Vecteurs Énergétiques jusqu’en 2022.
Quel est votre domaine de recherche ?
Aujourd’hui, je travaille essentiellement sur les transferts couplés aux réactions électrochimiques dans les piles à combustible à hydrogène de type PEMFC (piles à membranes ionomère). Il s’agit de démarches essentiellement expérimentales, où l’on cherche à comprendre les limites des performances à l’échelle de la cellule, l’origine des hétérogénéités de fonctionnement et surtout, les problématiques de vieillissement. L’intérêt de ces travaux de recherche réside dans leur caractère multidisciplinaire : ils prennent tout leur sens dans le cadre de projets partenariaux avec des équipes d’autres laboratoires, qui vont nous apporter leurs compétences en sciences des matériaux, par exemple, tandis que nous nous chargeons de l’acquisition des données et de leur interprétation à l’échelle de cellules instrumentées conçues et fabriquées au laboratoire. Les résultats de nos travaux peuvent aussi avoir des impacts très importants sur les performances et la durabilité de piles à combustibles ou de systèmes produits par des partenaires industriels.
Pouvez-vous dire quelques mots sur le LEMTA ?
Le LEMTA est une unité mixte de recherche de l’Université de Lorraine et du CNRS. Il s’agit d’un des laboratoires les plus anciens de l’Université, associé au CNRS depuis 1976 et crée en 1973 : nous fêtons cette année son cinquantenaire !
Si nous sommes initialement connus et reconnus dans les domaines de l’énergie et de la mécanique, le LEMTA de 2023 a su évoluer vers une plus grande multidisciplinarité, avec des compétences en génie électrique, en électrochimie, ou encore en nano-physique, qui sont venues compléter notre socle de savoir-faire historiques. Aujourd’hui, le LEMTA se caractérise entre-autres par sa capacité à développer des techniques expérimentales de pointe, dans les domaines de la métrologie laser par exemple, de la caractérisation thermique, des méthodologies RMN, ou bien encore de l’instrumentation de cellules électrochimiques. Enfin, le laboratoire se distingue également par une politique de mutualisation forte, qui touche l’ensemble de ses services d’appuis à la recherche : les services techniques (mécanique, électronique, informatique et logistique) ainsi que le pôle administratif et financier avec, en plus de projets transverses, la mise en commun de 15 à 20% de nos ressources, hors salaire. Cela constitue clairement un atout pour la gestion au quotidien du laboratoire comme pour sa politique scientifique sur le long terme, ainsi que pour l’accueil de nos jeunes collègues maître(esse)s de conférences et chargé(e)s de recherche.
Quels sont vos projets au sein du laboratoire ?
Mon ambition est d’abord d’assurer une continuité dans la gestion du laboratoire et de consolider nos points forts. Au-delà, il n’aura échappé à personne que l’ensemble des thématiques liées l’énergie suscitent un intérêt socio-économique considérable : le défi principal pour le LEMTA est sans nul doute de gérer une phase de croissance qui va probablement se poursuivre sur plusieurs années, avec ce que cela implique en termes d’opportunités, mais également de contraintes. Si nous sommes d’ores et déjà identifié et reconnu dans le domaine de l’énergie et de la transition énergétique, dans la Région et au-delà, aux niveaux national et international, industriel et académique, il nous faut malgré tout poursuivre dans la direction de l’excellence scientifique : ne pas oublier nos compétences et savoir-faire fondamentaux bien présents, mais parfois éclipsés par une communication et des sollicitations très orientées vers les applications. Sur le plan local, le LEMTA continuera à apporter un soutien fort à l’Institut Carnot Icéel et renforcera sa politique de collaboration au sein du pôle scientifique EMPP, et de l’Université de Lorraine en général.
Un autre défi attend la direction du laboratoire : l’intégration de critères de qualités (au sens large) dont la recherche universitaire et l’ensemble des professions prennent progressivement conscience. La qualité de vie au travail tout d’abord, avec l’évaluation régulière des risques psycho-sociaux et la prise en compte d’indicateurs de parité et d’inclusion, par exemple. Ensuite, l’impact environnemental de nos activités de recherche devra également être évalué, et bien entendu limité autant que faire se peut, en cohérence avec les politiques de développement durable et sociétal de l’Université de Lorraine et du CNRS. Enfin, il faut aussi parler de la qualité de nos travaux de recherche, avec un souci d’ouverture de nos résultats et de nos données : à ce titre, le LEMTA a engagé une démarche de labellisation Infra+ (Lorraine Université d’Excellence) de la majorité de ses plateformes expérimentales. Cette action pourrait, à terme, déboucher sur une qualification ISO 9001 de certains de nos équipements.
Enfin, je ne saurais terminer sans un mot pour les personnels du laboratoire : doctorants, post-doctorants, BIATSS, ITA, chercheurs et enseignants-chercheurs. Toutes et tous participent à la vie du laboratoire avec un degré d’implication exemplaire qui me réjouit chaque jour, et je les en remercie. En contrepartie, leurs attentes envers les institutions qui nous gouvernent sont fortes. Il est important qu’elles ne soient pas déçues pour que cette dynamique se maintienne aussi longtemps qu’il le faudra et que le LEMTA puisse pleinement jouer son rôle et faire face aux défis colossaux du 21ième siècle.