Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles de science, nous avons interrogé Kaoutar pour qu’elle explique aux jeunes femmes son parcours et ses travaux, et pour qu’elle leur donne envie d’explorer la voie de la recherche.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?
Originaire du Maroc, j’y ai effectué mes études jusqu’aux classes préparatoires aux grandes écoles en Mathématiques, Physique et Sciences de l’ingénieur à Oujda. En 2019, j’ai rejoint Nancy pour l’École Nationale Supérieure d’Electricité et de Mécanique (ENSEM) où j’ai obtenu un double diplôme d’ingénieur en énergétique en 2022, ainsi qu’un master recherche « Mécanique et Énergie » à la Faculté des Sciences et Technologies. Passionnée par les domaines de la mécanique des fluides et de la thermique, j’ai ensuite décidé de poursuivre en doctorat et j’effectue actuellement ma deuxième année au sein de l’équipe “Transferts dans les fluides” .
Dans quel projet de recherche s’inscrit ton doctorat et quelle est ta mission ?
Ma thèse s’intègre dans le cadre du projet VERGLAS dont l’objectif est de développer un nouveau système de protection contre le givrage des aéronefs (formation de glace après impact de gouttes sur des surfaces froides) en utilisant un actionneur plasma de type « Décharge à Barrière Diélectrique » (DBD). Ce dispositif crée une tension élevée entre deux électrodes placées de part et d’autre d’un isolant, engendrant un plasma qui chauffe à la fois l’air ambiant et l’isolant. Les applications de ce dispositif sont nombreuses, notamment dans l’aéronautique et l’éolien où le givrage pose problème et les systèmes utilisés pour y remédier sont énergivores.
L’objectif de mes travaux de recherches est de caractériser les transferts de chaleur et de masse qui se produisent entre le plasma et la glace. Pour ce faire j’utilise une technique de métrologie optique appelée « Fluorescence induite par laser », qui repose sur l’utilisation d’un colorant réagissant à l’excitation d’un laser. Cela me permet alors de suivre le procédé de chauffage d’un petit volume de glace au cours du temps et d’évaluer les performances de mon système.
Un fait marquant, une anecdote à nous raconter ?
Dès ma première année de thèse, j’ai eu l’opportunité de participer à l’école thématique CNRS Interfreeze d’une semaine à Cargèse (Corse). L’objectif de cette école était d’exposer les récentes avancées théoriques et activités expérimentales dans le domaine de la solidification des écoulements capillaires, des milieux poreux et des mélanges hétérogènes, avec un focus particulier sur le cas de la formation de glace. C’était donc non seulement l’occasion d’échanger et de partager avec des experts travaillant sur des thématiques similaires à la mienne, mais également de découvrir de nouvelles techniques et méthodes me permettant d’approfondir mes travaux de recherche.
Qu’envisages-tu après ce doctorat ?
Je souhaite poursuivre dans la recherche pour continuer à travailler sur la problématique du givrage. Soit dans la recherche académique à travers des contrats postdoctoraux, soit dans le milieu industriel puisque plusieurs entreprises travaillent activement sur cette thématique.
Quels sont tes conseils pour sensibiliser & inciter les jeunes femmes à choisir une carrière scientifique ?
De par leurs constructions, nos sociétés ont éloigné les femmes des métiers de l’ingénierie et de la recherche. Malgré les nombreux progrès, aujourd’hui encore certaines femmes hésitent à franchir le cap, mais il ne faut pas se laisser influencer par les stéréotypes. Les femmes sont tout aussi capables que les hommes d’exceller dans n’importe quel domaine scientifique, et il est essentiel de ne pas laisser les attentes sociales nous restreindre dans nos choix de carrière. Les domaines scientifiques sont vastes et variés, il ne faut pas hésiter à les explorer : vous pourriez découvrir des domaines fascinants que vous ne soupçonniez pas initialement !